Pourquoi ce titre de billet en javanais japonais ?
Zafu a eu quelques problèmes techniques avec son blog et vient d’en publier un nouveau avec un article sur Shikantaza
Cela m’a donné envie de parler de lorsque j’essaye de « juste m’asseoir » : lorsque je pratique zazen, la méditation assise, comment durant mes méditations je peux passer de ma souffrance, mon ego, à une compassion réellement ressentie.
Il est possible pour accéder à la méditation de pratiquer des méthodes pour apprendre à se centrer ou se relaxer (méthodes de centration basées sur la respiration, la posture, la concentration, l’attention…) mais comme le dit Dogen en peu de mots, méditer c’est
« Juste s’asseoir » (shikantaza).
Quand nous sommes assis avec dignité et noblesse dans la posture de zazen, « le corps et esprit sont un » (shinjin ichinyo). Si le corps est stable, l’esprit se stabilise petit à petit. Sa confusion apparente, ne sera plus un obstacle sur la voie, mais fera partie de la voie elle-même. Car
« Étudier le bouddhisme, c’est s’étudier soi-même. S’étudier soi- même, c’est s’oublier soi-même. » (Dogen)
Méditer me permet ainsi de prendre contact avec ce que je suis dans l’instant, mes perturbations, mes confusions, mon histoire, mon corps, ses souffrances, son existence. Rien n’est à rejeter, simplement ne pas s’y arrêter.
Mais connaître ces désordres, c’est connaître les désordres humains. Et comme le dit Dogen :
« La méditation c’est s’oublier soi-même »,
vient un moment où je ne suis plus centrés sur cette souffrance, mais elle devient un lien avec chaque être qui souffre en général et en particulier avec toutes les personnes rencontrées dans mon quotidien, je sais leurs souffrances, pour les partager, même si ce n’est pas toute leurs souffrances, même si elles ne sont pas toutes identique, cette souffrance est la porte ouverte de coeur à coeur, d’esprit à esprit « ishin denshin » avec les êtres vivants.
Et parce que zazen est « Juste s’asseoir », cette posture de méditation dans laquelle nous nous tenons, permet, par sa tonique souplesse de laisser apparaître les sensations d’ouverture et de liberté intérieure. Il est alors possible de pénétrer la dénomination de la méditation suivant la sémantique taoïste :
« s’asseoir et s’oublier » .
Au coeur de la méditation assise nous pouvons alors dire comme Dogen :
shinjin datsuraku : « l’abandon du corps et de l’esprit »
et comme l’enseigne Eric Rommeluère :
« Oublier n’est pas rentrer en léthargie, être inconscient ou absent. Dans la méditation, nous oublions simplement nos expériences ordinaires. Il n’y a plus ni pensées ni discussions intérieures. La méditation nous introduit simplement à une autre perception de la réalité. »
Une dimension non-duelle.
C’est pourquoi je ressens cette pratique de zazen comme une pratique de la grande compassion, elle me permet d’affronter ce que je suis, complet, pour ne pas m’y attacher mais de découvrir comment je suis lié, sans séparation, aux autres êtres vivants, par ces mêmes passions, et pouvoir leur apporter écoute et soutien.
♥ 🙂 ♥
Filed under: Dharma, Méditation, Zazen | Tagged: Attention, Bouddhisme, Coeur à coeur, Compassion, Concentration, Corps, Dogen, Ego, Esprit, Liberté, Méditation, Non-dualité, Respiration, Souffrance, Tao, Zazen |
merci Frédéric, merci
je ne sais pas comment tu fais.. je me sens si ridiculement petite lorsque tu dis des trucs comme ça..
merci
je suis comme Ambre, toute petite devant cette façon de méditer.
j’ai un problème je n’arrive pas à m’asseoir au sol, mes jambes s’engourdissent, j’ai des crampes, en plus j’ai du mal à rester droite….du coup je ne peux pas me concentrer…..
j’aurais dû faire de la gym et mieux assouplir mon corps.
je t’embrasse.
non, moi c’est devant cela que je me sens petite :
« vient un moment où je ne suis plus centrés sur cette souffrance, mais elle devient un lien avec chaque être qui souffre en général (..), cette souffrance est la porte ouverte de coeur à coeur, d’esprit à esprit « ishin denshin » avec les êtres vivants. »
je me sens comprise (dans les deux sens du terme) dans ce lien (malgré tous TES malgré)
et c’est ça que je me demande comment tu fais
tant de compassion
tant de générosité
il faudrait inventer un mot rien que pour toi
tu es absolument insupportable : tu me fais pleurer, puis rire, ensuite rire et encore pleurer !
et pourquoi ne ferais tu pas « un peu de compassion » ? tu disais bien ya pas longtemps que tu aim(er)ais bien « faire un peu d’amour » ;D
C’est en effet au moment où le simple (?) bénéfice personnel de la méditation cède la place à la compassion que je crois s’opère une « bascule ».
Mais je suis loin d’en être là encore.
Pour l’instant ma souffrance pendant zazen s’arrête à… ma souffrance…
Merci pour vos textes toujours passionnants !
Alors là, j’ai vraiment des cours à prendre !!!!
Je vais revenir ;o))
Bonsoir Lunta Zen,
Je suis heureux d’avoir involontairement déclenché ce billet, par ma publication très courte sur mon blog. Tu exprimes clairement ce que commence à être pour moi la méditation. Je ressens depuis la retraite de cet été cette ouverture sur une grande compassion.
Chaque personne étant différente, il me semble qu’il faut plus ou moins de temps pour que zazen s’ouvre sur un large espace. En attendant cette ouverture il suffit de pratiquer régulièrement l’assise et laisser les choses se faire.
Ne rien chercher, ne rien vouloir… juste s’asseoir !
Gasshô
Zafu
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